10 avr. 2018

{Chronique} The hate U give

Starr a seize ans, elle est noire et vit dans un quartier difficile, rythmé par les guerres entre gangs, la drogue et les descentes de police. Tous les jours, elle rejoint son lycée blanc situé dans une banlieue chic ; tous les jours, elle fait le grand écart entre ses deux vies, ses deux mondes. Mais tout vole en éclats le soir où son ami d'enfance Khalil est tué. Sous ses yeux, de trois balles dans le dos. Par un policier trop nerveux. Starr est la seule témoin. Et tandis que son quartier s'embrase, tandis que la police cherche à enterrer l'affaire, tandis que les gangs font pression sur elle pour qu'elle se taise, Starr va apprendre à surmonter son deuil et sa colère ; et à redresser la tête.











The Hate U give, écrit par la rappeuse Angie Thomas a connu un succès incroyable en Amérique. Ayant entendu parler de ce livre depuis sa sortie VO, je guettais telle une vigie en haut de son mât, la traduction française. Je ne peux que remercier mille fois les éditions Nathan de m'avoir envoyé ce petit bijou qui m'a valu un superbe coup de cœur. 
Starr et son meilleur ami Khalil, afros américains tous les deux, quittent une soirée et se font contrôler par la police sur la route du retour. Ils n'ont rien à se reprocher pourtant la situation s'envenime rapidement et Khalil se fait descendre de trois balles dans la poitrine par le policier. Starr, choquée, va se rendre compte après sa déposition qu'en Amérique, la justice a tendance à donner raison aux policiers blancs plutôt qu'aux lycéens noirs. Entre prise de conscience, guerre de gangs et deuil, Starr va devoir avoir les nerfs bien accrochés. 
Quelle lecture ! Je n'avais encore rien lu de semblable. Même si j'ai déjà lu à quelques reprises des livres sur le racisme, la ségrégation raciale, je n'avais pas encore lu de livre aussi actuel, sombre et percutant. Je ne vais pourtant pas vous cacher que le début avec son style d'écriture, m'a pourtant laissé perplexe. Sachez que je suis bien contente d'avoir attendu la traduction parce que la lecture en VO m'aurait semblé laborieuse tant le texte est parsemé d'argot. Starr, ses amis, sa famille même, s'expriment avec le langage des quartiers, ponctués de wesh, de verlan et de vulgarités diverses et variées. Alors oui, au début ça surprend pas mal, la lecture ne se fait peut être pas aussi rapidement et facilement qu'une autre mais au bout d'une quinzaine de pages on prend le plis et ce qui m'interpellait au début a fini par ne plus me déranger tant l'histoire est passionnante. A la réflexion, c'est le vocabulaire, les tics de langage et l'argot qui donnent à ce livre des accents de vérité. Mon impression de lecture aurait été bien différente si les personnages s'exprimaient comme vous et moi.
Le sujet abordé dans ce livre peut être assimilé à bon nombre de faits divers en Amérique. Cela reste tristement banal dans un pays ou le racisme est mélangé à la liberté de porter une arme sur soi. Dans ces conditions c'est évident que les dérapages existent et j'ai trouvé extrêmement intéressante la manière dont l'auteure abordait ce sujet.
J'ai été bouleversée par les personnages et la communauté afro-américaine décrite par Angie Thomas. Nous suivons Starr à la première personne et la jeune fille, avec le policier, est l'unique témoin du drame qui s'est produit. Starr est un personnage entier, elle vit des hauts et des bas au fur et à mesure que l'enquête avance. Elle va subir de nombreuses pressions que ce soit de la part des policiers que des médias qui se sont emparés de l'affaire. On suit ses prises de conscience, ses doutes, la honte qu'elle peut ressentir et toutes ses émotions, je les ai vécu de plein fouet. Starr doit apprendre à se reconstruire, à vivre avec sa peine, à ne pas se sentir constamment en danger pour ne pas vivre comme une bête traquée mais même si son quotidien n'est jamais loin il est difficile pour elle de reprendre comme si de rien n'était ses occupations habituelles.
J'ai énormément aimé la famille (recomposée) de Starr. Elle a des parents en or qui l'aiment de tout son cœur et ça m'a changé de mes autres lectures de voir une famille aussi aimante et soudée. Les personnages secondaires de ce roman, que ce soit les membres de la famille, les amis, les habitants du quartier m'ont tous passionné que ce soit par leur personnalité ou par leur vécu et l'immersion dans ce quartier chaud a été totale.
En résumé, ce livre s'est emparé petit à petit de mon âme, en me touchant au plus haut point. Bien après l'avoir terminé, j'y pensais encore et il n'a toujours pas quitté mon esprit. C'est un livre choc, un livre poignant, percutant à mettre dans toutes les mains et à lire à tout prix. Il est là à la fois pour faire passer un message, sensibiliser les gens, dénoncer cet abus d'autorité policière qui cause chaque année toujours plus de victimes. Ce livre sert aussi à nous montrer qu'au fin fond des ghettos, il n'y a pas que des délinquants, des gangs et des trafics de drogue, il y a aussi des familles aimantes qui n'aspirent qu'à vivre en paix. 

♥♥♥♥♥



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