26 juil. 2016

{Chronique} Lointaines Merveilles

Cuba, 1963. Le terrible ouragan Flora s'apprête à frapper l'île. Les habitants sont évacués en urgence. Dans l'ancienne demeure du gouverneur, sept femmes sont cloîtrées sous la surveillance d'une jeune soldate de Castro, Ofelia. Pour passer le temps, la vieille Maria Sirena, Shéhérazade des temps modernes, leur raconte des histoires.
Car Maria Sirena est une conteuse hors pair. Elle en avait d'ailleurs fait son gagne-pain à la grande époque des fabriques de cigares où elle était lettora, employée à égayer les journées des rouleurs de tabac par ses récits fantastiques. Dehors, la tempête fait rage. Maria Sirena débute son histoire : son enfance pendant la troisième guerre d'indépendance cubaine, son père, rebelle féroce, sa mère, passionnée et passionnante qui a aimé, rêvé et s'est battue comme personne.






-Ca suffit! déclara ma mère en me coinçant les bras sur les côtés. Tu as une chance maintenant, tu dois la saisir. Plus tard, tu repenseras à cet instant et à tout ce que tu as souffert pendant cette guerre, comme une série de lointaines merveilles et cela te blessera de te les remémorer, mais tu te diras: "J'ai eu de la chance, j'ai été bénie de quitter cet endroit en vie", et la douleur disparaîtra.
Je secouai la tête, fermai les yeux et gémis:
-Cela n'arrivera jamais.


Je n'avais pas accroché à ma première lecture de chez Les Escales mais j'étais bien décidée à persévérer et force est de constater que j'ai bien fait, ce qui m'a permis de ne pas passer à côté de Lointaines Merveilles qui a été une lecture agréable et sacrément dépaysante. Merci à la maison d'édition pour l'envoi de ce livre que j'aurai lu d'une traite.
 
Il faut déjà que je vous explique la raison qui m'a poussé à me pencher sur ce livre. Elle tient en un mot. Cuba. Pour ceux qui le savent j'adore voyager. Je pourrai passer ma vie à ça si j'en avais les moyens financiers, pas de crédit à payer et un mari moins casanier. Cuba fait parti de ces endroits que je rêverai de visiter d'autant qu'il faut profiter de ces dernières années avant que l'île soit totalement ouverte au monde et perde son charme initial en se transformant en piège à touristes.
 
En 1963, un ouragan s'abat sur Cuba. Maria Sirena et d'autres personnes âgées sont évacuées de leur domicile par une militaire qui les regroupe et les emmène dans la villa Alcazar, plus sécurisée. Afin de passer le temps et pour se libérer d'un poids qui lui pèse, Maria Sirena qui sent que ses jours lui sont comptés, va se transformer en conteuse et raconter l'histoire de sa vie à ses compagnes d'infortune.
 
J'ai aimé le système narratif du récit, Maria Sirena raconte les origines de la rencontre entre ses parents, sa conception, son enfance puis son amour pour Mario mais on revient régulièrement au présent, dans la petite chambre où ses compagnes l'écoutent religieusement. On est ainsi tenu régulièrement informé de l'avancée de la situation et de la progression de l'ouragan Flora ce qui permet de rythmer le récit d'autant que les chapitres sont courts et se boulotent rapidement.
Bien entendu, j'ai préféré lire les chapitres qui s'attachent au passé de Maria Sirena plutôt que les retours au présent. J'ai ainsi découvert une époque de Cuba à la fin du XIXème siècle durant la troisième guerre d'indépendance à laquelle je n'avais jamais été familiarisée. L'auteure nous décrit l'attente des femmes lorsque leurs époux partent combattre les espagnols, elle nous esquisse l'horreur, la faim et la promiscuité dans les camps de concentration cubains même si j'aurai préféré que cette partie là soit plus approfondie. De manière générale c'est vraiment le contexte qui a su le plus éveiller mon intérêt pour cette histoire.
Maria Sirena est un personnage auquel il m'a été en effet compliqué de m'attacher. Elle est rongée par le remord et on va comprendre pourquoi au fur et à mesure qu'elle livre son passé. Sa souffrance me l'a rendu incontestablement sympathique mais les raisons de son remord et certains traits de son caractère comme la crédulité, la naïveté et son côté plaintif m'ont un peu déçu. J'ai trouvé qu'elle manquait de charisme au contraire de sa mère Lulu, véritable figure indépendantiste haute en couleur. Concernant les autres personnages, il y en avait certains qui se détachaient du lot mais j'ai regretté que l'auteure ne les creuse pas davantage. De manière générale, elle a choisir de rester trop en surface.
La romance entre Mario et Maria Sirena est une partie qui m'a bien plu, j'ai trouvé que leur histoire sonnait juste. Elle ne prend pas une place centrale dans le livre ce qui permet de balayer plein d'autres choses mais en même temps j'ai ressenti toute sa légitimité. Elle m'a marqué par la simplicité de sa réalisation et surtout sa conclusion brutale.
En résumé, Lointaines merveilles est un récit dépaysant qui ne ressemble à aucun autre qu'il m'ait été donné de lire. Je suis complètement sortie de ma zone de confort avec ce livre mais la découverte m'aura marqué. Alors certes, il n'est pas exempt de défauts, j'ai notamment eu du mal à m'attacher à l'heroine mais la découverte a été globalement agréable et a relancé mes envies de voyages.
 
★★★☆☆

5 commentaires:

  1. J'avais noté ce titre de la maison d'éditions. Le fait que l histoire se passe à Cuba me tentait beaucoup. Cuba est un pays ou j'ai bien envie de me rendre également !!

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    1. Ah oui toi aussi? J'irai peut-être l'année prochaine pour ma part mais ce n'est pas encore sûr ^^ En tout cas pour en revenir au livre il est pas mal du tout et se lit particulièrement vite :)

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  2. J'aime voyager mais peut-être pas à Cuba. Je ne sais pas trop si cette lecture me tente ou non. Je dirais que non XD

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    1. C'est un livre assez particulier et connaissant tes goûts je ne suis pas sûre qu'il te plairait effectivement =)

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  3. Ne pouvant voyager autant que je le voudrais, j'apprécie énormément de diversifier mes horizons livresques, alors je note ce titre sans hésiter une seule seconde ! Merci d'avance pour le dépaysement :)

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