The Book of Ivy

Résumé: Voilà cinquante ans qu'une guerre nucléaire a décimé la population mondiale. Un groupe de survivants d'une dizaine de milliers de personnes a fini par se former, et ce qui reste des Etats-Unis d'Amérique s'est choisi un président. Mais des deux familles qui se sont affrontées pour obtenir le pouvoir, la mienne a perdu. Aujourd'hui les fils et les filles des adversaires d'autrefois sont contraints de s'épouser, chaque année, lors d'une cérémonie censée assurer l'unité du peuple. J'ai seize ans cette année, et mon tour est venu. Je m'appelle Ivy Westfall, et je n'ai qu'une seule et unique mission dans la vie: tuer le garçon qu'on me destine, Bishop, le fils du président. Depuis ma plus tendre enfance, je me prépare pour ce moment. Peu importent mes sentiments, mes désirs, mes doutes. Les espoirs de toute une communauté reposent sur moi. Le temps de la rébellion approche. Bishop doit mourir. Et je serai celle qui le tuera.

Parce qu'il est la personne auprès de qui je rentre, la personne qui me demande comment s'est passée ma journée, puis écoute mes réponses. Bishop est devenu la constante de ma vie, qui tourne autour de lui. La plupart du temps, nous naviguons à vue, avec autant de précautions que si nous étions des bombes prêtes à exploser à la moindre erreur, mais nous sommes toujours là, sur le chemin l'un de l'autre. Et nous attendons les moments où ces chemins de croiseront.

Je viens à peine de refermer les pages de The book of Ivy et j'ai l'irrépressible besoin d'en écrire la chronique maintenant. Tout de suite. Immédiatement tellement ce livre m'a chamboulé au possible. Pourtant, ce n'était pas gagné d'avance. J'ai acheté mon exemplaire au salon du livre de Paris comme un certain nombre de personnes. Au moment où je me suis décidée à le lire (2 mois après) je me suis rendue compte au bout d'une centaine de page qu'il manquait 35 pages à mon exemplaire. Horreur et confusion. Là où un certain nombre d'éditeurs m'aurait envoyé au pelotes en me conseillant de racheter un exemplaire à mes frais, Lumen s'est révélé professionnel jusqu'au bout en me répondant le jour même qu'ils me renvoyaient le livre à la maison. J'avais un petit peu peur en reprenant ma lecture presque deux semaines plus tard que cette coupure nuise à mon plaisir de la lecture mais il n'en a rien été puisqu'un coup de cœur m'attendait au tournant.

Le résumé en dévoile dix fois trop. En fait, si vous le lisez, vous avez presque tout compris à l'histoire et c'est un peu dommage. C'est également le seul reproche que vous lirez dans cette chronique parce que ce livre est tout simplement irréprochable. The Book of Ivy est une dystopie qui en soit ne propose pas un univers plus original que dans une autre dystopie. On a un régime totalitaire avec deux familles ennemies où chaque année, les enfants du camp des perdants doivent se marier à ceux du camp des gagnants. Non seulement les mariages sont arrangés mais la violence extra-conjugale est courante et les fauteurs de troubles sont envoyés manu-militari sans autre forme de procès à l'extérieur de la ville, au-delà des barrières qui la protège, condamnés à une mort certaine.

 

Ce qui fait la force de ce récit c'est à la fois la plume d'Amy Engel, belle, simple, fluide et d'une efficacité sans faille. L'auteur ne s'embarrasse pas de futilité d'écriture ni de fioritures dans ses descriptions mais elle transcrit à merveille les émotions de ses personnages. Les personnages justement, c'est bien la deuxième force de ce récit. La plus importante. Nous avons d'abord Ivy, la fille du fondateur, qui doit se marier à Bishop, le fils du président, dans le camp rival. Elle n'a pas son mot à dire et son destin n'est pas simplement de se marier et de faire des enfants à Bishop. Non, sa famille lui impose de se marier et de le tuer afin de renverser la vapeur et de prendre le pouvoir. Rien que ça. Je n'étais pas sûre d'apprécier Ivy au début de ma lecture. J'avais peur de voir face à moi, un pantin sans libre arbitre mais Ivy est bien plus que ça. Elle n'est pas qu'un instrument. En face d'elle, nous avons Bishop et laissez-moi vous dire que si la polygamie était autorisée en France, je signe tout de suite. Ce personnage m'a transporté comme rarement j'ai eu l'occasion de l'être au cours de mes lectures. Il est la gentillesse, la sollicitude, la compassion, le besoin de justice, le charisme incarné. Je pourrai continuer longtemps. Bishop est ... Bishop. Il n'a pas besoin de plus ample définition. Dès sa première apparition je me suis retrouvée ferrée et c'est suffisant.
 

L'évolution de la relation Bishop/Ivy était extrêmement prévisible mais naturelle, laissant petit à petit des émotions particulières affleurer en chacun d'eux. Les personnages secondaires sont travaillés, intéressants et complexes, ni tout blancs, ni tout noirs mais tout en nuances de gris. La dernière centaine de pages a défilé très (trop) vite entre mes doigts impatients. Rapidement, un tourbillon de sentiments intenses à déferlé sur moi comme une lame de fond. Je n'ai pas pu empêcher les larmes perler à mes yeux une fois arrivée à la fin. Ce qui arrive est absolument injuste et fort. J'avais l'impression d'assister à un tremblement de terre sans pouvoir intervenir ni sauver qui que ce soit. Inacceptable.
 

En résumé The Book of Ivy m'en a fait baver. J'en ai vu de toutes les couleurs et je n'ai que la possibilité d'attendre la sortie française du tome 2 avant de pouvoir retrouver ces personnages incroyables qui ont bouleversé mon cœur et troublé mon âme. 5/5