Résumé: Lou Bertignac a 13 ans, un QI de 160 et des questions plein la tête. Les yeux grand ouverts, elle observe les gens, collectionne les mots, se livre à des expériences domestiques et dévore les encyclopédies.
Enfant unique d’une famille en déséquilibre, entre une mère brisée et un père champion de la bonne humeur feinte, dans l’obscurité d’un appartement dont les rideaux restent tirés, Lou invente des théories pour apprivoiser le monde. A la gare d’Austerlitz, elle rencontre No, une jeune fille SDF à peine plus âgée qu’elle.
No, son visage fatigué, ses vêtements sales, son silence. No, privée d’amour, rebelle, sauvage.
No dont l’errance et la solitude questionnent le monde.
Des hommes et des femmes dorment dans la rue, font la queue pour un repas chaud, marchent pour ne pas mourir de froid. « Les choses sont ce qu’elles sont ». Voilà ce dont il faudrait se contenter pour expliquer la violence qui nous entoure. Ce qu’il faudrait admettre. Mais Lou voudrait que les choses soient autrement. Que la terre change de sens, que la réalité ressemble aux affiches du métro, que chacun trouve sa place. Alors elle décide de sauver No, de lui donner un toit, une famille, se lance dans une expérience de grande envergure menée contre le destin. Envers et contre tous.
J'ai revu la pâleur de son teint, ses yeux agrandis par la maigreur, la couleur de ses cheveux, son écharpe rose, sous l'empilement de ses trois blousons j'ai imaginé un secret, un secret planté dans son cœur comme une épine, un secret qu'elle n'avait jamais dit à personne. J'ai eu envie d'être près d'elle. Avec elle. Dans mon lit j'ai regretté de ne pas lui avoir demandé son âge, ça me tracassait. Elle avait l'air si jeune.
La semaine dernière, j'ai lu mon tout premier Delphine de Vigan. Ne me regardez pas avec des yeux ronds, il faut dire que je lis peu de contemporain et encore moins des contemporains qui ne sont pas des romances du coup, je n'avais encore jamais eu l'occasion de lire quoi que ce soit de cette auteure à succès. L'occasion c'est mon grand-père qui me l'a donné en revenant de vacances avec un tout petit roman à la main et en me disant: "tiens, je te le prête, tu le liras et me diras ce que tu en auras pensé. Moi je l'ai trouvé vachement bien." Bon, peut-être n'a-t-il pas réellement dit "vachement" mais vous voyez le genre. J'ai donc commencé ce livre avant ma semaine de congés et je l'ai terminé pendant. Il faut dire qu'il à beau faire moins de 300 pages, il m'aura fallu quand même un peu de temps avant de le terminer.
Lou, 13 ans, possède un QI relativement élevé ce qui fait qu'elle a déjà sauté plusieurs classes. Elève studieuse, elle se pose énormément de questions sur le monde qui l'entoure à commencer par la composition des plats préparés dont elle collectionne les emballages. Discrète et solitaire, Lou va faire une rencontre qui va changer sa vie; celle de No, une jeune sans abri de quelques années son aînée. Cette rencontre va déboucher sur bien plus qu'un simple projet scolaire d'exposé.
Je ne me serai pas dirigée de moi-même vers un tel contenu car le monde des sans-abris est très présent dans ce livre et n'est pas vraiment édulcoré. Il faut dire que j'évite comme la peste tout ce qui se rapporte aux maux de notre siècle: violence, maladie, misère, j'en passe et des meilleures mais je suis ravie d'avoir quand même lu ce roman. Plus que le contenu, c'est véritablement l'écriture de Delphine de Vigan qui m'a interpellé avec des phrases courtes, subtiles, percutantes mais toujours justes au rythme des pensées de Lou. J'ai trouvé l'histoire bien rythmée et parfois émouvante.
Non seulement Lou se sent en marge de ses camarades de classe qui sont plus vieilles qu'elle et n'ont pas forcément les mêmes préoccupations mais en plus, le contexte familial dans lequel elle évolue n'est pas simple. Sa mère est physiquement présente mais répond aux abonnés absents depuis qu'elle vit dans un état dépressif et son père est souvent absent et fait semblant que tout va bien alors que tout va mal. Je me suis donc rapidement sentie proche de cette petite puce incomprise de la vie, qui a pourtant des questions plein la tête. Lou a très rapidement voué une espèce de fascination pour No et j'ai apprécié voir leur relation évoluer même si je n'ai jamais accroché au personnage de No qui sous ses airs de dures à cuire est une vraie sensible au cœur tendre. Ce qui m'a également plu c'est l'impact que cette rencontre entre Lou et No a eu sur leurs vies respectives.
Ce qui m'a en revanche moins plu et que je n'ai toujours pas encaissé, c'est le fait que ce roman est plus une tranche de vie qu'une histoire à proprement parler avec un début et une fin. Non, ici on prend le train en cours et on s'arrête là ou Delphine de Vigan l'a souhaité avec des questions plein la tête qui ne trouveront pas leurs réponses. Qu'elle soit bonne ou mauvaise, j'ai besoin d'avoir une fin à mes lectures, je me suis donc sentie complètement frustrée une fois rendue à la dernière page en me rendant compte que voilà, c'était tout, c'était fini, tout ça pour ça, tout ça pour quoi?
En résumé, No et Moi est une histoire courte, prenante, bien écrite et surtout qui fait réfléchir. Mais ne vous attendez pas à trouver une fin, il n'y en a pas, peut-être pour se laisser l'opportunité de la créer par soi-même. C'est un 3/5 en ce qui me concerne.
Je suis d'accord avec ton avis. Pour ma part, je l'avais lu pour le cour de français mais je n'ai pas aimé la fin. La phrase, "tout ça pour ça" résume assez bien mon état d'esprit à la fin de ma lecture :-/
RépondreSupprimerJ'ai envie de dire, heureusement que c'est très bien écrit car la lecture était quand même très fluide mais après c'est sûr que c'est un sujet pas très joyeux et qu'il n'y a pas de fin :S
SupprimerIl est dans ma PAL de cette semaine! Mon petit frère devait le lire pour les cours et du coup je vais lui piquer car tout comme toi je n'ai jamais lu de Delphine De Vigan! ;)
RépondreSupprimerC'est une bonne occasion effectivement :) Je ne sais pas trop si j'en lirai d'autres en ce qui me concerne mais je suis contente d'avoir au moins lu celui-ci!
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